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LE CRIEUR PUBLIC

Le crieur est indissociable du monde médiéval. Dans un monde où l'écrit peine à s'affirmer, l'information se crie et il lui revient de transmettre les nouvelles aux populations, parfois très dispersées. Il est celui qui annonce la nouvelle création d'une bastide aux alentours, participant au mouvement de peuplement.


Les crieurs publics du Moyen Âge montrent que tout « métier de parole », dans une société illettrée, confère une influence considérable et un rôle crucial. L'information des populations médiévales est un moment essentiel. Il existe peu de documents d'époque qui relatent le comportement des habitants au cri public, aux annonces officielles. Certaines enluminures montrent toutefois une foule animée, active, à écouter le crieur. Désignés dans les textes et selon les régions comme trompettes, trompilles, banniers, héraults, sergents, hucheurs, precons, inquants, crieur-inquanteur, nuntius et preco, serviens et preco, ils exercent différentes activités au sein de la communauté.


Selon les périodes, on peut le rencontrer dans le moindre village. C'est « l'homme à tout faire », l'indispensable, celui qui annonce les bonnes et mauvaises nouvelles, les dernières ordonnances royales, les déclarations de guerre, plutôt les victoires que les défaites, les paix toujours perpétuelles, les naissances princières, le cours des denrées et des monnaies, les convocations aux séances des conseils et des assemblées générales, les heures d'ouverture et de fermeture des portes, l'organisation du guet, les noms des trépassés, la découverte d'un enfant abandonné.


Voici un exemple de texte d’un crieur public annonçant l'ouverture des bains :

« Escotàtz çò que cridan a las clicas, Senhors,

anàtz aus banhs,

E a las estubas sense trigar,

Los banhs son cauts, mentissi pas ! »


Guillaume de la Villeneuve, « Crieries de Paris », 13e siècle (traduit (1) de l’ancien français vers l’occitan par JJ Dutaut-Boué)


Outre les crieurs publics, agents au service de l’autorité, de nombreux crieurs de « menues criées » peuplent le paysage sonore médiéval. Il s’agit des commerçants, crieurs de vin et autres marchands d’oublies faisant leur publicité, artisans ambulants, sonneurs de mort, mendiants et ordres religieux pratiquant l’aumône, ou crieurs au service des privés. L’appel aux productions saisonnières (vendange, cerises…) et aux fêtes religieuses se fait aussi entendre, en plus de tous les bruits ambiants d’une ville en activité.

(1) texte original en langue d'oï du crieur : 

« Oiez c'on crie au point du jer,
Seignor, quar vous alez baingnier, et estuver sans délaier,
Li baing sont chaut c'est sans mentir »

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