LE SOLDAT DU GUET
Dans une bastide, le guet est assuré par des membres de la communauté, à tour de rôle. Choisis parmi les colons, ils assurent la surveillance des portes de la ville depuis le haut des fortifications, ainsi que des rondes nocturnes. Ils signalent le danger grâce à une crécelle.
Au Moyen Âge, c'est un service militaire que l'on rend en montant la garde ou en faisant le guet autour des biens de son seigneur. L'obligation est déjà attestée vers l'an 800, à Boulogne. C'est sur les seuls roturiers et notamment les bourgeois, entre 14 et 60 ans, que pèse le droit de guet et de garde : respectivement appelés Guet des Métiers et Garde Bourgeoise, c'est à leur demande qu'ils forment à Paris le Guet Royal dès 1254, « pour la sûreté de leurs corps et biens, pour remédier aux maux qui survenaient toutes les nuits dans la ville, tant par le feu, vols, larcins, violences, ravissements de femmes, enlèvements de meubles par locataires pour frustrer leurs hôtes ».
Le rôle du guet est essentiel dans la prévention et la lutte contre les incendies dans un espace urbain très boisé. De plus, il doit assurer la surveillance aux sommets des remparts. D’autres sont postés aux principales entrées de la ville et certains patrouillent la nuit dans les rues.
Quelques sergents d’armes, des soldats permanents, assurent l'entraînement au maniement de l’arc. L'existence d'une garnison d'une dizaine d'hommes, ou plus souvent d'une confrérie de gardes choisis dans la population de la ville, peut être observée dans toutes les bastides qui ont le privilège de devoir se défendre.
En l'absence de garnisons, des milices sont formées, gérées par les consuls et le bayle. Elles assurent les rondes de nuit et les tours de garde dans les périodes d'insécurité et de conflits. Les motivations sont fortes, d’autant que les perspectives de paix et de garanties des intérêts donnent aux hommes une énergie que ne possèdent pas toujours les mercenaires. Chacun est prêt à combattre pour la défense de son foyer et de ses privilèges.
Source ; Les compagnons de l’étoile
Jacques Dubourg, Histoire des bastides de Midi-Pyrénées, Ed Sud-ouest, 1997