Les invasions barbares ont surgies en Occident entre les Vème et IXe siècles. Les derniers constructeurs qui appartenaient aux Collégiales romaines et détenaient tous les secrets des métiers, durent s’intégrer aux congrégations monastiques. En effet, après l’effondrement de l’Empire romain, le statut légal leur permettant d’exister avait disparu.
A partir du VIe siècle, les coutumes féodales ont succédées au droit romain, définissant les nouvelles protections garanties aux diverses catégories de la société du bas Moyen-Âge.
Ces congrégations monastiques créèrent les couvents, sociétés communalistes de propriétés collectives à but altruiste de bonnes oeuvres, de pénitences, de prières et d’évangélisation. Ces couvents, sous le bénéfice des droits de l’Église catholique au temporel, reconnus par les continués féodales, avaient rang de seigneur avec droit de haute et basse justice.
Sous l’impulsion de Grégoire 1er le Grand, pape de 590 à 614, qui avait enrichi l’évêché de Rome par l'exploitation des domaines agricoles, les couvents allaient devenir autant d’exploitations industrielles ou agricoles.
Les lois et usages concernant la production et les échanges, codifiés par le droit romain, avaient totalement disparu au VIe siècle, les coutumes germaniques à l’échelon de la peuplade les ayant insuffisamment remplacés. Cette forme nouvelle de société communautaire fit créer, dans l’intérieur même des couvents, les premières coopératives de production dans toutes les branches indispensables à la vie collective et communautaire. Les gens de métiers ayant perdu leur riche clientèle romaine, trouvèrent dans les couvents leur principale clientèle. Ce fut notamment le cas des personnes pratiquant l’art de construire : il fallait des couvents, des églises et même des ouvrages d’art militaire pour se protéger contre les invasions permanentes.
Les couvents qui dérivaient du principe de saint Augustin de la Cité de Dieu, intégrée à la
Société des Hommes, avaient, comme toute l’Église, conservé les principes d’organisation romaine et de droit romain. Aussi, tant pour s’assurer à bon marché une main-d’œuvre qualifiée devenue très rare que pour assurer la formation professionnelle des nouvelles générations, de nombreuses congrégations monastiques fondèrent des Tiers-Ordres essentiellement laïques.
Le principal Ordre qui ait regroupé les Collégiales romaines des constructeurs est celui des Bénédictins, fondé à la fin du Vème siècle, par Saint Benoît de Murcie, au Mont-Cassin. La règle bénédictine donne la priorité aux travaux manuels. C’est à cet Ordre que l’on doit la création et le développement de l’architecture gothique sous ses différentes formes, grâce à l’introduction des voûtes sur croisées d’ogives* qui reposaient sur de robustes pilastres.
Selon bon nombre de savants, archéologues, l’île de France est bien le berceau du style ogival, et c'est à partir de cette région puis au nord de la Loire que ce style va donner ses premiers et ses plus beaux monuments, entre les XII et XIII ème siècles. Le style de transition, c'est-à-dire l'architecture de fusion entre le style romano-byzantin qui finit et le style ogival qui commence, n'apparaît dans le Midi et sur les bords du Rhin qu'au XIIIème siècle. En Allemagne c'est principalement à sa période rayonnante que les architectes se décideront à adopter le système ogival. Cette architecture gothique se caractérisera par l'élan vertical et la luminosité.
Pour faire surgir de terre, ces monumentaux vaisseaux de pierre et de verre que sont les cathédrales gothiques, ses bâtisseurs vont devoir transporter, entasser, tailler, sculpter, plus de pierre que les Égyptiens en 1000 ans !
Cette éclosion du gothique sera également favorisée par deux événements majeurs qui vont, au demeurant, changer la face du monde :
La réforme grégorienne du pape Grégoire VII (1073-1085) une politique de la papauté qui a débuté sous Léon IX : l'affirmation de l'indépendance du clergé, la réforme du clergé, l'affirma - tion du rôle du pape, la garantie du travail des moines, tout en contrôlant les comptes de l'église. (Tensions avec le Roi)
Les croisades (première en 1096) dont la plupart des seigneurs reviendront ruinés, permettant aux bourgeois de s’emparer du devant de la scène, dans les cités en plein essor.
L'Ordre du Temple * (fondation en 1129) qui va devenir une puissance incontournable et dont beaucoup prétendent qu'il est, sinon à l'origine du style et de l'art gothique, surtout le financeur du développement des cathédrales gothiques.
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