Les plus anciennes croisées d'ogive signalées en Europe remontent à peine à l'an 1100. On les trouve à l'état d'essai et sur une toute petite surface, dans trois édifices célèbres: Sainte-Croix de Quimperlé, Saint-Victor de Marseille et l'abbaye de Moissac.
Porche abbaye de Moissac 1120 - 1125
Certains savants font remonter l'invention de la croisée d'ogive jusqu'à l'Antiquité, puis d'autres chercheurs, ou spécialistes croient à l'origine orientale de l'ogive, à une origine arabe, sarrasine ou moresque, à un style ogival apporté de Sicile par les Normands au XIème siècle ou au XIIème siècle, à une origine Italienne où il est pourtant constant que le style gothique fut assez mal accueilli, à un développement primitif de l'architecture gothique en Angleterre, à l'emploi précurseur de l'ogive en Allemagne alors qu'il est prouvé que celle-ci n'apparaît qu'au milieu du XIIème siècle. Enfin certains historiens situent l'apparition de la croisée d'ogive à Lessay, en Normandie ou à Durham en Angleterre à la toute fin du XIème siècle.
Cathédrale de Durham construction 1093 - 1133
Ceci nous montre que les origines et le rôle de la croisée d'ogive ont été longuement discutés, notamment au siècle dernier et qu'elles ont prêté polémique sur le plan historique et géographique. Ce n'est donc, sans doute pas, sur l'origine de la forme, de la figure qu'il convient de chercher ou de s'arrêter mais sur l'origine et le processus de son application à la construction. Si on parle de l'ogive comme « arc nervuré » on trouve sa place dans plusieurs édifices de l'Antiquité. Les monuments de l'Asie, de la Grèce et de l'Italie, d'une très Haute Antiquité nous montrent également des ogives, c'est à dire des berceaux ou des cavités, dont la section est donnée par deux arcs de cercle se coupant. Il s'agit de « l'arc brisé ». Les Nestoriens et l'école d'Alexandrie paraissent être les premiers à avoir adopté celui-ci. Il a ensuite été une importation d'Orient. On désigne ici l'Empire Romain d'Orient, ou Empire byzantin, de religion chrétienne du IIIème siècle à 1453. Nos maîtres d’œuvre, nos architectes, après les premières croisades s’emparèrent de cet « arc brisé » pour en faire une application fertile en résultat. Cette « voûte d'arête » de l'Antiquité peut sembler très proche de la croisée d'ogive, mais l'évolution va les rendre structurellement très différentes.
Les architectes clunisiens, cisterciens en étant à l'origine de ce nouveau système de voûte, sont bien les initiateurs de cette révolution dans l'art de la construction. Celui-ci appartient sans contestation à l’île de France (1140) et aux provinces du nord de la Loire. La vérité, si il doit y en avoir une, devrait se situer à mi-chemin entre un temps d'expérimentations successives tout au long de la période Romane et l'apparition du gothique.
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